Intervention de Alekos Perrakis, membre du Comité exécutif du PAME à la réunion euro-méditerranéenne

Intervention de Alekos Perrakis, membre du Comité exécutif du PAME à la réunion euro-méditerranéenne

PAME participe activement à l’activité du mouvement syndical international au travers de la FSM et prend toute une série d’initiatives afin de réorganiser le mouvement syndical européen. PAME a accueilli le 16e Congrès de la FSM, il a pris une part active au 17e Congrès de la FSM en Afrique du Sud, organisé des rencontres de travailleurs de multinationales dans des secteurs tels que le commerce, les télécommunications, etc.

À l’occasion de notre 4e conférence au mois de novembre dernier, nous avons décidé de soutenir plus activement la création en Europe d’un pôle syndical de classe et d’accroître le nombre d’adhérents à la FSM. Nous estimons que ces luttes ont permis de créer de meilleures conditions pour le regroupement du mouvement syndical international.

Dans notre pays nous traversons une période difficile et complexe. Après une crise qui a déjà duré plus de sept ans, nous comptons plus de 1,5 million de chômeurs et le taux de chômage parmi les jeunes a dépassé la barre de 50 %. La « machine » à produire des lois hostiles aux travailleurs a créé une réserve nombreuse de main-d’œuvre à bon marché, les travailleurs sont exploités et privés de leurs droits. Nous sommes attaqués en permanence et, pour y mettre fin, nous devons nous organiser, consolider notre unité et nous doter d’un plan permettant de combattre cette politique anti-ouvrière et ses conséquences qui exacerbent l’exploitation. L’appétit des capitalistes pour le profit est insatiable. Ils admettent que le redressement du taux de profit les oblige à accroître l’exploitation des travailleurs.

Sur le marché capitaliste mondialisé, au cours des deux, trois dernières décennies, s’est installée une tendance à l’abaissement des salaires. La concurrence que se livrent les principaux monopoles et pays en matière d’exportations et d’investissements s’accentue. C’est pourquoi, dans des pays tels que les États-Unis, le Japon et l’Union européenne, le capital et les gouvernements intensifient leur guerre contre la classe ouvrière, ce qui constitue une indication en plus que le système fondé sur l’exploitation a atteint ses limites historiques.

Les nuages de la guerre s’amassent. La solidarité est l’arme des peuples.

Il n’existe pas de crime que les capitalistes ne commettraient pas dès lors qu’ils sont convaincus qu’il leur conférerait un avantage sur leurs concurrents. La classe bourgeoise grecque, à l’instar de celle des autres pays, a souvent affiché son agressivité à l’égard d’autres peuples, en participant sans hésiter à des bains de sang, en lançant notre people dans des aventures, afin de pouvoir participer au partage du butin des prédateurs impérialistes et dans le but de jouer un rôle plus actif sur l’échiquier géopolitique. La Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, la Somalie, la Côte d’ivoire et la Libye ne sont que quelques exemples de pays victimes de massacres impérialistes perpétrés au cours des 20 dernières années sous la direction de l’OTAN avec le soutien et la participation de la Grèce. Nous courons le danger de conflits plus vastes et de guerres impérialistes, car c’est par là que passe la course aux profits des puissants : l’exploitation sans merci de leurs peoples, nouveau tracé des frontières, des routes commerciales, des ressources énergétiques, des marchés, des zones d’influence, etc. Les capitalistes et leurs partis utilisent à cette fin l’expression « objectifs nationaux ». La création de PAME a été le fruit des luttes contre le massacre impérialiste en Yougoslavie et la participation de la Grèce à ce bain de sang. Aujourd’hui, nous constatons des développements similaires. Notre région est un brasier, plus d’un million de victimes ont traversé la mer Égée qui regorge de cadavres, alors que le drame que vivent les réfugiés n’a de cesse.

La présence de l’OTAN dans la mer d’Égée sous prétexte de contrôler les flux de migrants, accentue la tension. Il y a quelques jours, la société pétrolière française TOTAL a commencé le forage de pétrole dans la zone économique exclusive de Chypre. Les pourparlers pour la solution du problème chypriote ont échoué. À ce propos il convient de signaler que les entretiens précédents ne répondaient pas aux véritables préoccupations du people chypriote, à la fois les Chypriotes grecs et turcs, souhaitant une cohabitation pacifique et une solution viable, mais ils concernaient avant tout les intérêts des monopoles et la meilleure façon de les servir. Erdogan recourt aux menaces directes dans le but de préserver les intérêts de la bourgeoisie turque et la présence de la marine de guerre française et l’ingérence américaine s’intensifient.

PAME a mené une champagne d’information et de mobilisation parmi les travailleurs grecs visant à renforcer les liens d’amitié entre les peuples et à coordonner nos actions contre les guerres et interventions impérialistes dans notre région et dans le monde.

Le 1er mai, des milliers de travailleurs se sont rassemblés en Grèce, en Turquie et dans d’autres pays, et ils ont lu et voté la Déclaration des syndicats contre la guerre impérialiste :

« L’attaque généralisée contre la classe ouvrière dans nos différents pays, condamnant les travailleurs à la pauvreté, au chômage et aux souffrances, ne représente qu’un aspect d’une politique fondée sur des intérêts de classe, l’autre aspect étant la guerre injuste impérialiste lancée dans l’intérêt des grands groupes financiers. Confrontés au danger d’une guerre généralisée dans notre région, nous déclarons que nous entendons protéger les classes ouvrières de nos pays par l’action commune et la solidarité avec au premier rang nos syndicats ».

Ce texte a été discuté dans des centaines de réunions, et des milliers de travailleurs ont participé aux rassemblements du 1er mai en Grèce sous le mot d’ordre: « Main dans la main avec tous les travailleurs, pour un monde sans exploitation, sans pauvreté et sans réfugiés ». Des collègues turcs ont pris la parole lors des rassemblements à Mytilène, Samos, Kos, Alexandroúpolis et Komotiní, à Athènes l’ambassadeur palestinien s’est adressé au rassemblement organisé par PAME. En d’autres occasions, nous avons exprimé notre solidarité avec les peuples de Syrie et de Palestine, et les collègues du secteur de la métallurgie turc ont pris part au rassemblement de Perama. Le 26 mai, nous avons organisé un concert à Athènes avec la participation d’artistes grecs et turcs. Des milliers de manifestants venus des quatre coins de Grèce ont lancé un message très clair: « L’OTAN – dehors! – Arrêtons l’impérialisme ! – Vive l’amitié entre les peuples ! ». La participation de dizaines de délégations étrangères venues des Balkans nous encourage à aller de l’avant.

Nous ne nous arrêterons pas et nous poursuivrons sur la même voie. Rien ne nous sépare des classes ouvrières d’autres pays et d’autres peuples. Au contraire, nous sommes unis par un intérêt commun qu’est la lutte pour un monde dans lequel il n’y aura plus de riches et de pauvres, un monde débarrassé des patrons, où nous pourrons vivre la vie que nous appelons de nos vœux. Notre lutte sera couronnée de succès, car elle unit sauvegarde des frontières et droits souverains, lutte pour une vie en paix et lutte pour le renversement du système d’exploitation barbare qui cause et fait durer la pauvreté, le chômage, les guerres et les réfugiés.

 

Nous luttons :

 

  • Pour la non participation aux interventions impérialistes et aux guerres internationales. Pour la non implication dans les boucheries organisées par l’UE et l’OTAN.
  • Pour la fermeture de toutes les installations militaires étrangères. L’OTAN doit quitter la mer d’Égée et les Balkans.
  • Pour la non participation à aucune alliance militaire ou politique capitaliste.
  • Contre le remaniement des frontières et des traités y afférents.
  • Contre la restriction des libertés syndicales.
  • Contre les dépenses militaires visant à financer des actions au-delà des frontières nationales. Pour les dépenses nécessaires permettant de répondre aux besoins des familles de la classe ouvrière.
  • Contre le nationalisme, le racisme et le chauvinisme.
  • Pour la solidarité avec les réfugiés, avec les immigrés et avec tous les peuples.

 

Nous ne nous rangerons pas sous la bannière étrangère et hostile de la ploutocratie de nos pays et de ses alliés. Nous brandirons le drapeau de la classe ouvrière et de ses intérêts, contre les appels à la collaboration de classe et au consensus national. Nous luttons contre les guerres injustes pour en éradiquer les causes. La solidarité est l’arme des peuples. Nous saluons les participants à cette réunion et nous lui souhaitons plein succès dans la mise en œuvre de ses décisions et dans la poursuite de la lutte commune.