Résolution du Conseil Politique National de la CTB

Le Conseil Politique National de la CTB réuni à Sao Paulo le 3 mai 2016 dans le but d’analyser la conjoncture politique a adopté la résolution suivante :

1 – le Brésil passe par un moment politique grave et particulièrement dangereux pour les travailleurs et travailleuses brésilien-nes ;

2 – il y a actuellement un coup d’Etat en cours dans le pays, dissimulé par un processus de destitution de la Présidente sans aucune base légale, ce qui constitue une grave menace pourla démocratie, la souveraineté nationale, la CLT (Consolidation de la Législation du Travail) et les conquêtes de la classe ouvrière ;

3 – La conspiration putschiste vient de loin, elle était déjà présente dans les manifestations de 2013 et de 2014 (sous le slogan “la Coupe du Monde n´aura pas lieu”), manipulées afin de créer un climat de chaos social, d’affaiblir et de déstabiliser le gouvernement de Dilma. L’offensive a redoublée après la réélection de Dilma avec le processus de destitution mené par Eduardo Cunha accusé de corruption par la Cour Suprême ;

4-Une analyse plus complète de la réalité nous démontre qu´il ne s´agit pas d´un mouvement limité à notre pays, mais d´une vague conservatrice beaucoup plus vaste, qui a comme une toile de fond la crise économique et géopolitique du capitalisme et de l’impérialisme international sous l´hégémonie des États-Unis. Les récents revers électoraux des forces démocratiques en Argentine, le Venezuela et la Bolivie, mais aussi les coups d’État au Honduras (2009) et au Paraguay (2012), sont des événements qui font partie du même phénomène ;

5-Ici, comme dans d’autres pays de Notre Amérique, l’union entre les bourgeoisies et les grands propriétaires fonciers locaux avec l’aristocratie financière internationale, est commandée par l’impérialisme étatsunien dans une entreprise réactionnaire. Ce sont les mêmes classes sociales qui étaient derrière le coup d’Etat militaire de 1964. Les objectifs des putschistes apparaissent entre les lignes des projets du futur gouvernement ;

6 – Dans le document intitulé « pont vers l’avenir le vice-président Temer du parti PMDB promet au patronage la fin de la CLT (Consolidation de la Législation du Travail) la primauté du marché sur la Loi et l’imposition de la sous-traitance sans restriction et généralisée de l’économie. Il prévoit un dur ajustement budgétaire et par conséquent, la réduction des ressources déjà limitées pour la santé, l’éducation et les programmes sociaux ; la fin de la politique de valorisation du salaire minimum, la réduction des prestations de sécurité sociale et la fixation d’un âge minimum pour la retraite. Le parti de droite PSDB suit le même chemin avec une lettre de 15 points transmise au vice-président putschiste. Ce n’est pas sans raison que la FIESP – Fédération des Industries de l’État de São Paulo, la CNA- Confédération des grands propriétaires ruraux et la CNI – Confédération Nationale de l’Industrie ainsi que des centaines d´entités empresariales ont soutenu et parrainé par la destitution de la Présidente

7 – le capital étranger et en particulier aux États-Unis (silencieux au sujet du coup d’État, tout en le soutenant dans les coulisses), seraient récompensés avec l´obtention des réserves pétrolières du pré-sal, des privatisations (dont Petrobras) et notamment le changement de la politique étrangère, qui
tournerait le dos à l’intégration Latino-Américaine et Caribéenne, entraîannt un sabotage du MERCOSUR, de la CELAC (Communauté d’Amérique Latine et des Caraïbes) et des BRICS, pour restaurer la diplomatie de l’ancien Président brésilien Fernando Henrique Cardoso. Par conséquent, le coup d’Etat va de pair avec la stratégie américaine de recomposer son hégémonie impérialiste dans les Amériques et partout dans le monde ;

8-En bloquant un projet démocratique, patriotique et populaire qui était tant bien que mal implanté au Brésil depuis 2003, le Consortium pro-coup d´état vise à restaurer un programme néolibéral qui confronte les intérêts nationaux et les droits sociaux. Le processus qui attaque la présidence est illégitime et totalement antidémocratique . De tout evidence pour imposer leur agenda conservateur ils auront recours à la criminalisation des luttes et des mouvements sociaux, limitant la démocratie ayant de plus en plus recours à l’autoritarisme. Le caractère antidémocratique, antinationale et anti-populaire de ce coup d´état est évident.

9-Face à cette réalité, le Conseil Politique National de la CTB oriente le militantisme et l´ensemble et du leadership de notre centrale de classe à intensifier les efforts de conscientisation et de mobilisation des bases pour lutter sans relâche contre les putschistes, pour la défense de la démocratie, la souveraineté nationale et les droits sociaux. En ce sens, il est nécessaire d’organiser dans les syndicats et dans les commissions locales, la défense de la CLT-Consolidation des Lois du Travail, et commencer immédiatement les préparatifs pour la journée nationale de lutte et de paralysation du 10 mai organisé par le Front Brésil Populaire et le Front Peuple Sans Peur. Seulement par de grandes luttes de classes, que nous serons capables de rouvrir la voie à un nouveau projet de Développement National accompagné de démocratie, de souveraineté et de valorisation du travail proposée par le CONCLAT (Congrès National de la Classe Ouvrière)

São Paulo, le 3 mai 2016

Conseil Politique National de la CTB (Centrale des Travailleurs et Travailleuses du Brésil)